Les illusions d’optiques sont une parfaite introduction pour parler d’esprit critique, car elles démontrent très simplement et par l’expérience directe qu’il est possible que nos sens nous trompent. Quasiment tout le monde tombe dans le même piège tendu par l’illusion !
Le plus fascinant, c’est qu’alors même qu’on connaît l’illusion, qu’on sait où est le piège en question, on reste bloqué dedans. Vous savez que ces deux lignes sont de même longueur ? Vos yeux (ou plutôt votre cerveau) vous disent le contraire.

Il est donc possible de faire le lien avec le phénomène des biais cognitifs : ce n’est pas parce qu’on connaît des biais qu’on n’y est pas sensible.

Revenons rapidement sur cette histoire d’yeux et de cerveaux : qui est coupable ? (Enfin, coupable de quoi ? De tromperie ? Perso je trouve agréable de regarder une illusion d’optique!)
Cela dépend, car il existe deux grand types d’illusions :

• Les illusions de perception, dont font partie les mirages ou les ondulations de l’air au-dessus des surfaces chaudes, ou encore les arc-en-ciel. Ces illusions proviennent d’une modification de la trajectoire des rayons lumineux à cause de phénomènes physiques. La cause est extérieure à nous, nous pouvons laisser nos yeux et nos cerveaux à l’ombre de tout soupçon.
• Les illusions d’interprétation, celles qui nous intéressent ici car la cause de l’illusion, c’est nous-même. Nos cerveaux ont été façonnés durant notre vie par notre environnement culturel (au sens trèèès large), et si vous lisez cet article vous avez certainement un cerveau assez similaire au mien (et à celui de la majorité des gens que vous rencontrerez dans votre vie) pour être sensibles aux illusions qui suivent.

Seulement voilà, les illusions d’optique c’est un classique. Certaines sont très connues et même leurs déclinaisons sont trop repérables : même si notre cerveau tombe dans le piège et ne peut s’empêcher de « voir » l’illusion, nous savons qu’il s’agit d’un piège.
Comment alors continuer d’utiliser les illusions d’optique dans un but pédagogique ?

En ajoutant une couche de piège !

Nous avons repris des illusions assez populaires, que nous avons déclinées en plusieurs variantes et imprimées pour nous en servir en animation.
Nous présentons d’abord une illusion seule, accompagnée d’une question.

Par exemple, « Si je vous montre cette image, pouvez-vous me dire si les deux petits carrés du milieu sont de la même couleur ? »

Quelle que soit la réponse des participant·es, je montre ensuite les variantes de l’illusion, en reposant la question. Les personnes qui, confiantes dans leur culture des illusions d’optiques, auraient anticipé un piège, se voient alors fort dépourvues !

La question qui vient ensuite est naturellement : « Comment pourrait-on faire pour vérifier vos affirmations ? Ou pour porter un jugement plus fiable sur ces images ? »

C’est là qu’on peut parler de doute raisonnable et de méthode expérimentale.
– Face à une situation qu’on pense connaître, il faut garder de la place pour le doute. Il faut pouvoir s’autoriser à se demander « comment je sais ce que je sais ? »
– Quand la situation le permet, on peut même tenter de répondre à la question « comment je sais ce que je sais ? » ! Cela devrait même être un réflexe.

En l’occurrence, avec les illusions entre les mains et du matériel expérimental (règles, équerres, papiers, ciseaux, crayons…), les participant·es n’ont pas d’excuses pour ne pas mettre à l’épreuve leur jugement sur les images.

Ci-dessous, les illusions et leurs variantes que nous utilisons en animation, accompagnées des questions posées aux participant·es.
Et non, nous ne donnons pas les solutions, à vous d’expérimenter ! (Les images sont téléchargeables, c’est plus pratique en grand format imprimé)

CLIQUEZ sur les images !

Sur chaque image, les carrés du milieu sont-ils de la même couleur ?
(Variante de l’échiquier d’Adelson)