Travaux pratiques en sciences humaines et sociales

Travaux pratiques en sciences humaines et sociales

La recherche en SHS : comment on fait vous faites ?

Quand on parle de recherche scientifique, certaines images arrivent spontanément ; la blouse blanche, le tube à essai, le carnet de note, les équations ou les termes jargonneux. S’il y a du vrai dans ces images, s’en contenter serait très réducteur : Les disciplines scientifiques se distinguent plus par la manière de créer du savoir à partir d’objets, ou de relations entre ces objets, que de la nature des objets en eux-mêmes. Par exemple, on peut vouloir étudier un objet comme la peinture sous un angle chimique, artistique, historique, communicationnel, économique, géologique, etc. C’est pourquoi vous n’entendrez jamais un.e chercheur.se se présenter comme Docteur.e en Peinture, mais Docteur.e en Chimie, spécialisé.e en pigments naturels en usage à la Renaissance ; ou encore Docteur.e en Histoire,  spécialiste de la symbolique des couleurs, etc.

Mêmes objets, angles de vue différents, d’accord ! Mais il ne vous aura pas échappé que lorsqu’il s’agit de parler des Sciences, on oppose assez spontanément Sciences dures et molles, instaurant dans les esprit une forme de hiérarchie entre des disciplines scientifiques où certaines seraient plus rationnelles que d’autres, et par conséquent plus sérieuses, légitimes, fiables.

Cette idée fait encore son chemin et il est possible que l’école ait sa part de responsabilité la dedans. On se souvient des travaux pratiques de chimie ou de biologie au collège : ces moment passés à pratiquer cette initiation à la “recherche” nous auront permis de comprendre que la Science construit son savoir par une approche pratique de l’expérience, de l’essai-erreur, en se posant des questions et en essayant de les valider ou non. Sauf que… ces cours de travaux pratiques ne concernent que les Sciences formelles et naturelles c’est-à-dire les Maths, la Physique, la Sciences de la Vie et de la Terre.

Qui a déjà fait des cours de travaux pratiques en Histoire ? en Littérature ? En Sciences Humaines et Sociales ? Prenons l’exemple de l’Histoire, discipline pour laquelle l’approche scolaire consiste à ouvrir un bouquin qui apprend à l’élève comment les événements du passé se sont déroulés. Pourtant ce livre est issu de travaux de chercheurs et chercheuses qui ont étudiés des corpus, identifiés des traces, émis des hypothèses, qu’iels ont validés ou invalidés à partir de données tangibles, pratiques, ou d’autres recherches, pour une reconstruction ou une relecture de phénomènes humains, actuels ou passés. Bref, la recherche en SHS ce n’est pas de la magie, ni une compilation d’opinions politiques. Elle a ses méthodes, ses écoles, ses courants, ses auteurs et autrices, ses protocoles, ses expérimentations.

Reprenant l’idée des travaux pratiques, un collectif de doctorant et doctorantes en SHS de l’Université de Bordeaux-Montaigne et les associations RéPLIC, Les Dubitaristes Girondins et l’Université Populaire de Bordeaux ont inventé un atelier où les participants deviennent le temps d’une soirée apprentis chercheur et chercheuses en SHS.

Le principe… Un ou une doctorante en SHS propose son sujet de recherche comme “terrain de jeu” et guide les participants pour construire leurs propres hypothèses, leurs propres protocoles de recherches et analyses des données. Depuis l’état de l’art, en passant par les notions clefs, à la problématique et premiers résultats attendus, les participant revivent en une soirée tout le parcours des chercheurs et chercheuses dans leurs réflexions, obstacles, échecs et découverte.

 

Benoist Blanchard
Doctorant en Sciences de l’Information et de la Communication

 

Voici, en bonus, une présentation de l’atelier en audio par les doctorant·es qui y ont participé jusqu’ici.

 

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